Le vote de la loi énergie-climat intervient à un moment critique de la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle mondiale. En effet, la semaine du 23 septembre, ponctuée du Sommet Action Climat, du Sommet ODD et de l’Assemblée Générale de l’ONU était très attendue pour mesurer la prise de conscience des chefs d’Etat et de gouvernement.
Cette semaine a également été marquée par la publication du rapport du GIEC sur les océans et la cryosphère. Le constat est une nouvelle fois sans appel. Le réchauffement, l'acidification, le manque d’oxygène et le dépeuplement des océans mettent en péril l’un des principaux régulateurs du climat. Les océans absorbent jusqu’à 30% de nos émissions de gaz à effet de serre et 90% de la chaleur excédentaire créée par les activités humaines.
« Au-delà de 2050, tout va dépendre de nos émissions de gaz à effet de serre, prévient Valérie MassonDelmotte, paléoclimatologue et coprésidente du GIEC. Les réduire permettrait de gagner du temps pour nous adapter aux risques, dont certains, comme la montée du niveau des mers, sont inéluctables. »
Finalement cette semaine clé ne marquera pas le tournant nécessaire à la lutte contre le réchauffement climatique et nous détourne une fois de plus de notre responsabilité vis à vis de notre propre génération et des générations futures. Seulement 66 pays, dont la France, se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050. Et seulement 68 pays parmi les 168 signataires de l’Accord de Paris se sont engagés à relever leurs ambitions lors de la COP25 en décembre, comme cela est prévu dans le texte.
Ce constat difficile amène à se poser la question suivante : quelles doivent être nos priorités nationales pour répondre à l’urgence ? Les rapports des scientifiques sont unanimes et plaident pour une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre (GES). Chaque budget carbone non respecté restreint les budgets carbone disponibles et rend la tâche plus risquée. En parallèle, une autre priorité pour pouvoir réduire ces émissions de GES s’est imposée à la France avec la crise des gilets jaunes : la lutte contre les inégalités.
La France veut y répondre dans cette loi par la neutralité carbone. Ce concept guide aujourd’hui les négociations internationales, européennes, et les entreprises. Mais il n’a pas de définition juridique. Comme l’IDDRI le remarquait : « Si l’objectif de neutralité carbone globale s’appuie sur le diagnostic de la communauté scientifique, il ne constitue pourtant pas en lui-même une réponse définitive au défi que le changement climatique pose à l’humanité, et aux objectifs qu’elle s’est donnée. Il constitue un outil pour réfléchir sur, et agir pour, une inflexion majeure des trajectoires d’émissions – et la possibilité d’un retrait actif, en complément, des gaz à effet de serre de l’atmosphère ».
La loi énergie-climat, qui déclare l’« urgence écologique et climatique », intègre-t-elle les priorités de lutte contre le réchauffement climatique et contre les inégalités ?
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